Et si les disputes entre hommes et femmes avaient aussi des causes biologiques? Des chercheurs américains l'affirment, le taux d'hormones de chacun est un indicateur fiable d'entente et de réussite du couple. Cette approche clinique des sexes éclaire d'un jour nouveau nos malentendus quotidiens.
Biologie du couple Pourquoi s'habille t-il si mal ? Pourquoi reste t-il silencieux ? Pourquoi est-il volage ? Pourquoi rate t-elle ses créneaux ? Pourquoi scotché devant sa console ? Pourquoi a t-elle un 6éme sens ? Ou sont ses chaussettes ? Pourquoi parle t-elle tout le temps ? Pourquoi n'a t-il qu'une oreille ? La maladie d'Amour Le "Love Loft" En savoir plus
Selon les statistiques, des trois mariages auxquels vous avez été conviés entre juin et septembre, un se terminera par un divorce. Jusqu'ici, rien ne permettait de savoir lequel. Mais cela pourrait changer avec les travaux pionniers de deux équipes de chercheurs américains, qui bousculent au passage les idées reçues sur la question.
"Si l'on en croit les livres, les comportements agressifs et les idées négatives sont les signes annonciateurs des divorces", fait remarquer le Dr Janice Kiecolt-Glacer (université de l'Ohio, Etats-Unis), qui a suivi plus de 90 couples pendant dix ans. Mais ce n'est pas ce que nous avons observé. " Même son de cloche chez le Dr John Gottman, qui piste les unions heureuses et moins heureuses à l'université de Washington, à Seattle (Etats-Unis): "Ni l'agressivité du mari, ni celle de la femme, ni les disputes ne permettent de prédire le divorce, pas plus qu'ils ne donnent d'indications sur la qualité affective des couples stables."
Janice Kiecolt-Glacer et John Gottman sont les agents très spéciaux d'une opération baptisée "Comment prédire le succès ou l'échec du mariage ?" A cette fin, le Dr Kiecolt-Glaser a recruté, en 1991, des jeunes mariés, équilibrés et en bonne santé. "Nous avons éliminé les couples présentant des comportements ou des profils à risque, comme le tabagisme, l'abus d'alcool, la dépression. Nous voulions des couples pour lesquels tout s'annonçait au mieux. Parfaitement heureux d'être ensemble."
Après un bref entretien, chaque couple a été invité à discuter pendant 30 minutes devant une caméra de plusieurs sujets de désaccord. Avant de passer 24 heures à l'université de l'Ohio ; là, un cathéter a été introduit dans le bras de chaque participant pour recueillir un peu de sang à intervalles réguliers, afin d'établir une batterie de paramètres biologiques dont plusieurs dosages d'hormones.
Dix ans après le début de cette expérience, 19 % des couples recrutés avaient divorcé, un taux de moitié inférieur aux statistiques nationales. "C'est bien le signe, dit Janice Kiecolt-Glaser, que nous avions sélectionné des couples qui avaient de fortes chances de succès." Son équipe a alors recherché les variables -psychologiques ou biologiques- permettant de prédire le succès ou l'échec de ces mariages. "Nous avons trouvé que les taux d'hormones relevés après la discussion initiale étaient les marqueurs les plus fiables d'un divorce annoncé". Ces hormones, ce sont celles du stress. En réponse à un événement stressant, l'hypophyse, sollicitée par le CRF (cortico tropin releasing factor), libère une hormone, l'ACTH (adreno corticotropic hormone), qui entraîne la sécrétion de cortisol par les glandes surrénales. Le cortisol est responsable de l'élévation d'un neurotransmetteur, la noradrénaline, et de son métabolite hormonal, l'adrénaline.
Une attitude négative lors d'un conflit génère du stress
Les caméras ont en effet révélé que certaines attitudes négatives ou hostiles au cours d'un conflit conjugal s'accompagnent d'un taux élevé de ces hormones du stress. Mais tous les comportements hostiles ne sont pas associés au stress. En réalité, explique Janice Kiecolt-Glacer, les conflits matrimoniaux sont normaux. C'est la manière dont ils se déroulent qui peut poser problème. Ainsi, les sarcasmes, dénigrements, parce qu'ils ne permettent pas de crever l'abcès et de résoudre le conflit, entraînent frustration et stress. Ce stress est tout particulièrement ressenti par les femmes.
D'autres travaux ont en effet montré que, confrontés à une situation qui les oppose, maris et femmes réagissent différemment. Les premiers cherchent le plus souvent à désamorcer le conflit, quitte à fuir ou à se retirer. Les femmes se montrent plus actives elles se plaignent, critiquent ou exigent des changements d'ordre relationnel. Les esquives du mari sont vécues comme une source intense de frustrations.
Des analyses plus fines, menées par les mêmes chercheurs, ont montré que les femmes qui réagissent le plus négativement à la dérobade de leur mari sont aussi celles dont les taux d'hormones du stress atteignent les niveaux les plus élevés.
Après l'épisode conflictuel, les couples avaient eu l'occasion, toujours pour les besoins de l'expérience, d'évoquer les circonstances de leur rencontre et de raconter comment ils avaient pris la décision de se marier. Une occasion d'évacuer le stress né de la discussion précédente. Mais quand les chercheurs ont examiné l'évolution du taux de cortisol, ils ont été surpris. "Chez 75 % des sujets, rapporte le Dr Janice Kiecolt-Glaser, les taux d'hormones avaient chuté comme prévu: de 26 % en moyenne chez les hommes, et 36 % chez les femmes. Mais dans 25 % des cas, les taux de cortisol n'avaient pas bougé, ou même avaient augmenté. "
Les femmes concernées par cette augmentation ont été deux fois plus nombreuses à se déclarer insatisfaites au cours de la deuxième année de mariage, et à divorcer par la suite. "D'une certaine manière, note le Dr Kiecolt-Glaser, le taux de cortisol est, chez la femme, un signal d'alarme de ce qui va se passer plus tard, un marqueur de la pérennité ou non de son mariage. Une telle relation n'a pas été observée chez l'homme, signe que les femmes sont plus sensibles que les hommes aux événements négatifs qui affectent leur couple".
Au-delà du caractère prédictif de certaines hormones, les chercheurs s'intéressent aujourd'hui aux effets des conflits relationnels sur la santé. Des taux élevés de cortisol dépriment le système immunitaire et pourraient rendre plus sensibles aux infections et à certaines maladies chroniques. D'autres prélèvements biologiques effectués au début de l'expérience ont été analysés il y a quelques mois à peine. Ils montrent que des taux élevés des hormones du stress s'accompagnent d'anticorps au virus latent d'Epstein-Barr (virus à ADN responsable de la mononucléose infectueuse et impliqué dans certaines tumeurs), ce qui suggère qu'un stress très important pourrait activer des virus dormants.
Ces changements hormonaux et immunitaires perdurent-ils, ou, au contraire, des mécanismes d'adaptation interviennent-ils au fil des ans ? Pour le savoir, l'équipe de l'université de l'Ohio a soumis 31 couples, âgés de 67 ans et mariés depuis 42 ans en moyenne, aux mêmes tests. Avant de constater que les attitudes négatives affichées pendant les discussions conflictuelles étaient là aussi associées à des marqueurs hormonaux et immunitaires perturbés. Le Dr Janice Kiecolt-Glaser ne dit pas si elle va à présent commencer à décompter les divorces dans ce groupe de jeunes septuagénaires. T. S.
N° 655 - SCIENCES ET AVENIR-SEPTEMBRE 2001
Y a-t-il une biologie du couple ? Sommaire
Les malentendus dans le couple seraient également dus à des causes neurologiques et hormonales : cette approche clinique des deux sexes, très anglo-saxonne, peut choquer trois générations pétries de féminisme. "La tendance à rejeter l'explication biologique vient de ce que les idéologies égalitaires confondent le concept occidental de l'égalité de la loi et l'affirmation que tous les individus sont égaux en fait", ose la psychologue américaine Doreen Kimura, auteur de Cerveau d'homme, cerveau de femme. En plusieurs millions d'années, leurs structures cérébrales auraient évolué différemment. Tout n'est évidemment pas figé et les variations entre individus demeurent importantes. On peut avoir un cerveau féminin avec une composante masculine et vice-versa. "En ce qui concerne le sexe du cerveau, la frontière entre l'inné et l'acquis n'est pas non plus nette et précise", avertit le Pr Pierre Magistreti, de l'université de Lausanne (Suisse). Nous sommes tous le produit de nos gènes, comme de notre environnement. Mais nier cette part biologique ne peut que renforcer la mésentente et l'incompréhension entre les deux sexes.
La différence est dans le chromosome X Sommaire
OU pourquoi s'habille t-il si mal
Sauf s'il est dans la mode, il est difficile de compter sur l'homme pour saisir les dégradés subtils d'une robe Lolita Lempicka. Quand une femme utilise un luxe de nuances pour décrire un lilas moiré ou un céladon tendre, il énoncera, au mieux, violet et vert. Depuis les années 20, une abondante littérature scientifique décrit l'évidente supériorité des femmes à nommer et distinguer des couleurs plus vite. Cette supériorité serait même déjà patente chez les fillettes de 5 ans, d'après des travaux américains de 1974. Selon Doreen Kimura, de la Simon Fraser University (États-Unis), cette rapidité pourrait être liée à un facteur particulier chez la femme, d'autant plus qu'elle n'est pas plus rapide pour énoncer des formes. Les tests ont donc revélé que la rapidité d'articulation n'était pas en cause. "Il semble que les femmes ont, soit un accès plus facile à des "étiquettes verbales" de couleur, soit une aptitude particulière à identifier facilement les tâches de couleur", conclut Doreen Kimura. La rétine contient près de 130 millions de cellules en forme de bâtonnets , dont les cônes qui perçoivent les couleurs. Or, c'est le chromosome X qui fournit ces cônes. Les femmes en ont deux, ce qui pourrait conférer à leur rétine une plus grande variété de cônes.
Hémisphère gauche contre cerveau Sommaire
0U pourquoi l'homme se réfugie dans le silence
Bennett et Sally Shaywitz, de l'université de Yale (États-Unis), ont montré que les hommes utilisaient principalement leur hémisphère gauche pour toutes les fonctions liées à la parole. Tandis que les femmes se servent de leurs deux hémisphères. L'imagerie à résonance magnétique (IRM) permet en effet de déceler les petits changements dans la circulation sanguine entre les différentes parties du cerveau, signalant celles qui sont en activité. Elle montre encore que, chez l'homme, la parole n'est pas liée à une région cérébrale spécifique dans l'hémisphère gauche, comme s'il ne disposait pas d'un centre dévolu à cette fonction. Cela expliquerait que les hommes aient une communication verbale - voire un besoin de communication - moins développée que celle de leurs compagnes. Ces dernières disposent de zones cérébrales spécifiques du langage, qui leur confèrent une supériorité dans les capacités discursives et l'aisance verbale, selon des tests menés par Doreen Kimura. L'hémisphère gauche de la fille se développe aussi plus rapidement que celui du garçon : elle parlera plus tôt et mieux que son frère, apprendra plus vite une langue étrangère. Voilà pourquoi la clientèle des orthophonistes est essentiellement composée de petits garçons. L'aphasie est également plus fréquente chez les hommes
Gène de l'infidélité, une réalité ? Sommaire
OU pourquoi l'homme est si volage
C'est une hormone, la vasopressine, qui régirait le comportement social des campagnols et leur attachement à une compagne. Cette étude, publiée par Nature en août 1999, a déclenché de gros titres sur le thème " découverte du gène de la fidélité ". Les mammifères porteurs d'un gène produisant peu de vasopressine seraient ainsi destinés à tromper leur partenaire. Aucune autre étude n'est venu corroborer cette hypothèse réductrice. Mais il n'en reste pas moins vrai que certaines hormones savent bien nous prendre par les sentiments, surtout en matière de sexe. La testostérone est la plus emblématique. Fabriquée par l'hypothalamus, elle stimule le désir. Les hommes auraient dix à vingt fois plus de testostérone que les femmes, ce qui expliquerait leur appétit sexuel plus grand. Encore faut-il modérer cette affirmation. En effet, le niveau de testostérone de l'homme décroît lentement à partir de 19 ans, âge où sa libido est au summum. En comparaison, le désir sexuel chez la femme augmente au fil du temps et atteint son apogée vers 35-40 ans, égalant alors celui de l'homme. Une théorie sociobiologiste imaginée par Edouard Wilson, fait de l'homme, comme de tout être vivant, l'esclave de ses gènes. Il n'aurait d'autre idée en tête que de propager sa semence et se reproduire. Selon Robin Baker, biologiste à (université de Manchester (GrandeBretagne), son cerveau serait même capable de détecter inconsciemment, en fonction du comportement de la femme, son pic d'ovulation. Le plus grand centre mondial de recherches sur le sexe, l'institut Kinsey (Etats-Unis), soutient que, s'ils n'étaient soumis à la pression des règles sociales, pratiquement tous les hommes multiplieraient les partenaires, comme cela a été historiquement le cas dans 80 % des sociétés humaines. Tandis que les femmes auraient de tout temps cherché la stabilité, en (occurrence un compagnon capable de prendre soin d'elle et des enfants, longtemps dépendants de soins maternels. Quoi qu'il en soit, l'évolution des moeurs, l'expansion du travail féminin ainsi que la généralisation de la contraception ont sérieusement changé la donne.
Testostérone, la supériorité du mâle Sommaire
Ou pourquoi elle rate ses créneaux
Les rats mâles ridiculisent les rats femelles dans tous les exercices de labyrinthe. Qu'on les castre et leurs performances se retrouvent au niveau de celles de leurs compagnes ! Car c'est la testostérone qui fait la supériorité du mâle dans la représentation spatiale, qu'il s'agisse, pour un humain, de lire une carte routière ou de garer sa voiture. Mais attention, point trop n'en faut. C'est à l'automne, lorsqu'ils connaissent une flambée de testostérone, que les hommes produisent leurs pires performances dans les tests d'aptitude spatiale, selon des tests menés à la Simon Fraser University (Etats-Unis) par Doreen Kimura. De quoi remettre à leur place les pires machos, puisque les cracks du créneau seront ceux qui auront le taux de testostérone le plus bas. Chez les deux sexes, les meilleures performances spatiales semblent liées à un taux hormonal moyen. En effet, une femme en syndrome prémenstruel, avec un taux d'oestrogènes en chute libre, améliore ses performances au volant. Si établir une carte cognitive de son environnement et la manipuler mentalement n'est pas le fort de la gente féminine, l'équipe de Karen Wynn, du Massachusetts Institute of Technology (MIT, Etats-Unis), a suggéré (étude de 1996) que cette différence trouverait son origine à l'époque où la fabrication d'outils en pierre était réservée à l'homme. La manufacture d'objets aussi symétriques aurait nécessité le développement d'une capacité poussée de " rotation mentale ". Une exception semble confirmer cette règle : celle des Inuits. Vivre dans un paysage si monotone et sans véritable repère stable semble en effet avoir développé des capacités égales de spatialisation chez les deux sexes, comme l'a montré John Berry, de l'université Queens (Canada).
Mémoire verbale, repérage spatial Sommaire
OU pourquoi il est encore scotché sur sa console
Selon une étude publiée en juin 2001 par Earl Hunt, de l'université de Washington (Seattle, Etats-Unis), "un environnement virtuel accentue les différences entre hommes et femmes dans l'orientation" .Il s'avère que, dans un labyrinthe virtuel, les femmes hésitent davantage avant de décider d'une direction et parcourent une distance inférieure en moyenne de 20 % à celle des hommes. En 1998, une première étude commandée par la marine américaine avait déjà révélé des différences frappantes dans la façon dont les hommes et les femmes pouvaient apprendre à conduire des engins virtuels, du type tank, dans un environnement simulé par ordinateur. La femme n'est pas pour autant si désorientée. Elle a en effet développé une parade pour pallier ses faibles capacités de navigation. Comme Doreen Kimüra l'a démontré en 1993, elle met plus de temps pour apprendre l'itinéraire d'une carte; mais se souvient mieux, grâce a sa mémoire verbale - qui est l'un des domaines où elle bat l'homme à plate couture -, des repères et détails qui émaillent le parcours. Pour elle, ce n'est pas "deuxième à droite, cinquième à gauche...", mais plutôt "à deux pas de la pharmacie, derrière le magasin d'objets artisanaux, à côté du tabac".
La femme, 90 % d'activité cérébrale au repos Sommaire
OU pourquoi elle possède un sixième sens...
Habituées à décoder instinctivement et en permanence leur environnement social, les femmes ne comprennent pas qu'il n'en soit pas de même chez les hommes "Tu n'as pas vu que Nadia vampait ton frère ?" Selon le neuropsychologue Ruben Gur, de l'université de Pennsylvanie (Etats-Unis), l'IRM montre que lorsque le cerveau d'un homme est au repos, au moins 70 % de son activité électrique est inerte. Le scanner cérébral de la femme indique alors, lui, une activité de 90 % : elle continue de recevoir et d'analyser constamment des informations de son environnement. Ce qui explique qu'elle décèle mieux les nuances dans le langage corporel, les signaux vocaux, le ton de la voix et autres stimuli sensoriels, comme le confirment une quarantaine d'études. "Cela a pu être plus précieux pour la femme que pour l'homme dans notre passé évolutif, imagine Doreen Kimura. Elle évitait ainsi les conflits et les blessures dans un monde dominé par l'homme". Pouvoir aussi décoder l'état de santé de son enfant, alors qu'il est incapable de dire ce qui ne va pas, augmentait les chances de survie de sa progéniture.
L'homme dans un tunnel et la femme dans son nid Sommaire
OU pourquoi il ne trouve jamais ses chaussettes!
L'homme est de bonne foi, selon les travaux de Burg, en 1968 : il serait quasi affublé d'oeillères ou, plutôt, doté d'une vision en tunnel. Tandis que les femmes ont un angle de vision périphérique, doublé d'une meilleure vision stéréoscopique - dans un espace restreint toutefois -, selon une étude menée en 1993 par Rhonda Peterson, de l'université Simon Fraser (Etats-Unis).Voilà pourquoi, sans même tourner la tête, ces dernières inventorient illico tout, ou presque, ce que contient un placard, quand les hommes sont contraints de bouger la tête de gauche à droite et de haut en bas. Selon les psychologues Allan et Barbara Pease, fondateurs de l'Institut Pease (Mona Vale, Australie), l'homme a hérité de cette vision "longue distance " du temps où, chasseur, il avait besoin de repérer, fixer et suivre une proie au loin. Il disposerait d'ailleurs d'une meilleure acuité, la capacité à voir un petit objet, même mobile, dans son champ visuel. Tandis que les femmes, "gardiennes du nid", avaient besoin d'un grand angle de vision pour repérer tout prédateur s'approchant des petits. Cette différence serait à l'origine d'une autre source de conflits: les hommes tournent la tête pour suivre les courbes féminines qui les ont attirés (ils "matent"). Avec leur vision périphérique, les femmes se font rarement prendre à ce petit jeu.
La supériorité de l'architecture neuronale Sommaire
Ou pourquoi elle parle tout le temps
Une femme peut parler et écouter en même temps. Quand elle s'exprime, l'analyse au scanner révèle une activité de deux régions spécifiques, l'une dans l'hémisphère frontal gauche et l'autre, plus réduite, dans l'hémisphère frontal droit. Surtout, elle montre que ces centres travaillent de concert. Plus fort encore, les fonctions auditives sont alors également en pleine activité. Ce n'est donc pas pour vous embêter qu'elle vous entretient des notes du petit dernier, tout en ajoutant une ultime pointe de couleur à son aquarelle, mais bien parce que son architecture neuronale le lui permet. Une question d'hormones. Ses oestrogènes "boostent" les liens entre les deux hémisphères, incitant les cellules nerveuses à créer davantage de connexions. Elles en tisseraient jusqu'à 30 % de plus. La femme est aussi dotée d'un corps calleux (la zone qui fait communiquer les deux hémisphères) plus épais, selon le neurologue Roger Gorski, de l'université de Californie, notamment au niveau de la commissure antérieure. Or, une plus grande commissure signifie plus de fibres nerveuses, donc de meilleures connexions entre les deux hémisphères. Ce qui, pour les femmes, serait peut-être un atout en matière de communication.
Le corps calleux plus petit Sommaire
Ou pourquoi il n'écoute que d'une oreille
Faites un scanner d'un homme qui lit: il est virtuellement sourd, plaisantent Allan et Barbara Pease. Son cerveau est spécialisé, comme compartimenté. Il a moins de fibres de connexion entre les hémisphères gauche et droit, ce qui l'empêche de se concentrer sur plusieurs choses à la fois. Même lorsqu'il consacre toute son attention à un interlocuteur, ce n'est que d'une oreille : la droite, en prise directe avec l'hémisphère gauche. Ce dernier est en effet le plus compétent pour traiter les mots, l'hémisphère droit étant plus spécialisé dans la perception des mélodies, comme Doreen Kimura l'a démontré dès les années 60. Cela ne signifie pas pour autant que l'oreille droite ne possède pas de connexions avec l'hémisphère droit (ou l'oreille gauche avec l'hémisphère gauche), mais simplement qu'elles sont moins fortes. C'est également le cas chez la femme. Cette architecture croisée, avec une moitié du cerveau gérant une zone opposée du corps, se retrouve d'ailleurs pour toutes les fonctions perceptives et motrices, et de façon équitable chez les deux sexes. Mais quoi qu'il en soit, si bien évidemment l'homme entend les mots avec ses deux oreilles, il semble que sa perception soit, au final, moindre que celle de la femme. La faute en reviendrait à son corps calleux plus réduit, qui transmettrait moins fidèlement l'information entre les deux hémisphères. Plusieurs équipes dont, en 1995, celle de Nicole Weekes et Dahlia Zaidel, de l'université de Californie, ont bien mis en évidence cette asymétrie plus marquée entre les oreilles de l'homme, tout comme entre ses deux champs visuels, droit et gauche.
R F et H R
Si le film la Guerre des Roses prête à sourire, les conséquences biologiques d'un conflit conjugal sont nettement plus préoccupantes. Car le stress subi par un couple "en guerre" est aussi important que celui engendré par une vraie guerre. Et parfois plus durable ! Krishna Orth-Gomer, du Korinlska Instutet de Stockholm (Suède), a ainsi suivi, pendant six années, 292 femmes, dont 175 mariées ou vivant en couple. A la fin de l'étude, 52 avaient succombé à des problèmes cardiaques directement liés au stress conjugal. Contrairement aux hommes, les femmes semblent plus sensibles aux tensions à l'intérieur du couple et moins affectées par l'environnement professionnel. Si le stress peut être aussi délétère d'un point de vue physiologique, c'est qu'il provoque la sécrétion prolongée de certaines hormones comme l'adrénaline ou le cortisol. Bénéfiques à court terme, elles finissent par altérer certains tissus si leur taux reste élevé. L'adrénaline, qui accélère les pulsations cardiaques et augmente la tension artérielle, peut littéralement user le coeur en quelques mois. Quant au cortisol, l'hormone du stress par excellence, ses effets sont plus sournois.
Dans la nature, le stress répond à un danger quelconque qu'il faut fuir ou éliminer. Dans cette perspective, l'organisme réoriente sa physiologie de manière à augmenter ses chances de survie. Lorsqu'un guépard charge, le coeur de la gazelle accélère, ses muscles sont mieux irrigués tandis que la peau se vide peu à peu de son sang, de manière à atténuer l'hémorragie consécutive à une éventuelle blessure. Tous les systèmes biologiques inutiles durant la fuite sont mis en veille, comme la digestion, l'ovulation, le système immunitaire. Il en va de même chez l'homme et la femme, sauf que le stress peut ne pas être aussi soudain et temporaire que chez le guépard. D'où le réel danger du stress permanent. Une équipe de chercheurs de l'université de Pittsburgh (Etats-Unis) a montré que l'aménorrhée hypothalamique, une absence chronique des règles qui touche environ 5 % des femmes, était liée à un taux anormalement élevé des hormones du stress dans le sang, y compris pendant la nuit. Etrangement, la plupart des femmes victimes de ce syndrome ne se rendent pas compte, ou ne s'avouent pas, qu'elles sont stressées. Au-delà de l'infertilité, le stress peut aussi provoquer des pertes osseuses et nuire aux fonctions cérébrales. Quand il n'atteint pas également le système immunitaire. P J-B
De 1989 à 1992, John Gottman et son équipe de l'université de Washington (Etats-Unis) ont étudié le comportement de 130 jeunes couples à l'aide de caméras, microphones, électrocardiogrammes et détecteurs de mensonges. Leur but ? Savoir si les partenaires étaient à l'écoute l'un de l'autre, et si leurs sentiments étaient positifs (intérêt, affection, humour...) ou négatifs (tristesse, persiflage, dégoût, tension, peur, silence). Gottman estime que les données recueillies lui ont permis de prédire le divorce avec 83 % de certitude et la réussite du mariage avec 80 %.
Selon lui, les couples qui restent ensemble sont ceux qui parviennent à partager cinq fois plus de moments positifs que de moments négatifs. Les couples qui laissent ce ratio se dégrader vont à l'échec. Mais, ajoute-t-il, les conflits qui agitent un couple ne sont pas toujours malsains et n'ont aucun rapport avec le taux de divorce. Les relations qui oscillent entre violence verbale et réconciliations passionnées ne sont pas synonymes d'échec. Au contraire - et il rejoint les observations de l'université de l'Ohio -, ce sont les réactions négatives aux tensions quotidiennes qui font le lit des conflits. Dans les couples stables, dit-il, les querelles qui ne s'accompagnent pas de sarcasmes, de dédain et d'autres réponses négatives peuvent être vues comme un moyen de résolution des problèmes. Gottman a défini un modèle de couple à risque. Celui où la femme introduit une interaction négative, par exemple des railleries ; l'homme n'entre pas dans le jeu (domination); la femme répond en se plaignant; et l'homme ne réussit pas ou ne souhaite pas désamorcer le conflit (tension). Parmi les autres attitudes prédictives d'un divorce ou d'un mariage réussi
Pour en savoir plus :
Et moi, je dis qu'à la lumière de ces articles, je commence à comprendre bien des choses quant au comportement de Christine et de toutes les amies que j'ai !!! Merci, Sciences et Avenir !