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Duncan Browne 1947 - 1993
J'ai découvert ce musicien tout à fait par hasard, un beau jour de Janvier 1982, très exactement le 25, un lundi, si mes souvenirs sont exacts. En fait, j'avais pris l'habitude de noter les dates et prix d'achat de mes vinyls à l'intérieur des pochettes. Ne me demandez pas pourquoi, toujours est-il (cold ethyl, pour ceux qui m'ont déjà lu) qu'aujourd'hui, ça m'est un peu (petit peu) utile, la preuve. Oui oui, je sais, à quoi ? Bein, juste à dire que l'album étant sorti en 1979, j'avais déjà 3 années dans la vue et que ma découverte n'était que mienne, le bonhomme ayant déjà pas mal produit... Discographie, comme ça, ce sera fait : Give Me Take You (1968) Duncan Browne (1973) The Wild Places (1978) Streets of Fire (1979) Songs of Love and War (1994) Pochette sobre, juste un portrait de l'homme, et au dessus, son nom, DUNCAN BROWNE (nb : l'image ci-dessus n'est PAS la pochette en question, mais provient de l'album éponyme de 1973). Qui ne me disait rien. C'est au dos que j'ai découvert l'intitulé de l'opus : Streets Of Fire. Il y avait aussi les noms de 2 musiciens que je connaissais (au moins de nom), Tony Hymas (claviers) et John Giblin (basse), ce qui me mettait l'eau à la bouche. Le 4ème larron (hormis Duncan, of course, guitare et chants) ne me disait pas plus que l'auteur : Simon Phillips, batterie. J'ai alors chez Rouvroy (oui oui) dont le magasin se situait encore à l'ancien emplacement, bvd Alexandre III, en lieu et place de l'actuel Devred. Il y avait des soldes ce jour là, en tous cas, un bac avec les invendus ou les disques dont on voulait se débarasser. Je l'ai acquis pour 15 francs ! Sans même l'écouter sur place, j'étais confiant. Retour à m'baraque ! Platine, ampli, et hop, écoute ! C'est parti ! Et j'entends le morceau d'intro, Fauvette. Extrait :
A cette époque épique, j'étais quand même versé dans le rock sudiste, n'est-ce pas. Lynyrd Skynyrd (nom de groupe dont l'origine est celui de Mr Leonard Skinner, prof de gym. Le saviez-vous ?), l'incontournable ZZ Top, Point Blank, Blackfoot, Doc Holliday, j'en passe et des meilleurs. C'est en plus ce qu'on interprétait avec mon groupe d'alors, Belle Guiness, avec (le regretté) Fifi G. à la basse, Didier S. à la batterie, Pascal D. au chant, Régis O. et moi aux guitares. Passons.Tout cela pour dire que mon oreille était alors tournée vers d'autres sonorités, d'autres mélodies, d'autres énergies. Pourtant, avec l'enchaînement des morceaux, je suis quand même interpellé par ce disque, et notamment (je me rappelle encore des frissons qui me parcouraient et que je retrouve toujours d'ailleurs, aux mêmes passages) époustouflé par le batteur Simon Phillips ! Waouch ! Puissance, finesse, son du set, construction, présence... ! C'est avec ce disque que je le découvre. Depuis, il a fait son chemin, le gaillard, avec Toto notamment, mais passant par Jeff beck (you know what I think about him), Oldfield, J. Bruce, J. Anderson, The Who etc etc... On ne compte plus ses participations multiples et excellentes, et je ne parle pas de sa production solo dont j'ai quelques albums également. Fin de la digression, revenons à nos moutons. Me voici plongé dans l'album à fond. Ré-écoute sur ré-écoute, il me livre ses secrets et me charme littéralement. Il y a quelque chose de grand dans cet album. On sent sent plus qu'on ne le sait qu'il se passe quelque chose, que cet artiste en est vraiment un, que sa production vaut le détour, qu'il y a de la matière, qu'il existe sûrement un avant et certainement un après ! D'habitude, avec une nouveauté, on se dit : "tiens, on dirait untel, ou untel un peu". Pas ici. Pas à cette époque-là, pas avec ce compositeur, ce guitariste, ce chanteur. Du moins à ma connaissance et mes références. Tout est nuances. Production impeccable, la prise de son excellente, la restitution d'exception. Pas de doute, il me falloir me pencher sur la question... Et justement, il y en a des questions ! Qui est ce mec ? Qu'est-ce qu'il a fait ? D'où vient-il ? Ses albums ? Son passé ? Et actuellement (n'oublions pas que l'album est sorti en 79 et que nous sommes en 82) ? Pour moi, il est impossible qu'il n'y ait pas "autre" chose ! Seulement, voilà : en 1982, on n'a pas internet ! Il y a bien Rock'n'Folk, Best (les magazines spé) mais il faut tomber sur l'article, s'il existe ! Rien sur les radios, je ne parle pas de la TV. Même sur Radio Caroline, 1ère radio pirate, rien ! Mon disquaire est incapable de m'en dire davantage, à priori il n'a que cet album là au catalogue, et en plus, épuisé, non renouvelé. D'où la vente en bac "soldes"... Et mon entourage, à la façon de Tintin lorsqu'il est au Pérou à la recherche de Tournesol : "No sé"... Bien ma veine... Et je vous prie de croire que je suis à l'affût ! Mille millions de mille sabords ! Le temps passe... Janvier 1983 : Oostende, un an plus tard, le 14 du mois, quasi jour pour jour. Balade dominicale. Magasins ouverts. C'est un peu pour ça qu'on est en Belgique aussi. A l'époque, je travaillais, beaucoup (oui oui). La semaine, je ne voyais pas grand chose en dehors de mon boulot, d'ailleurs ne pensais à rien d'autre et le samedi, répétition. Ô tempora, ô mores. Magasin de disques. Ouvert. Un oeil ? Un oeil. Bonjour m'sieurs dames, ne causant pas néerlandais. C'est mieux que rien. J'avoue que je commençais à oublier un peu Duncan Browne. Paf ! Bac des "B" : 2 albums coup sur coup ! "The Wild Places" (1978) et... et... un Best Of Duncan Browne !!! C'est comme j'vous l'cause !!! Rââââh Lovely ! J'ai pas d'argent pour les 2 !!!! Comme on dit ici : j'ai d'l'argent trop court et Christine non plus, ou plutôt avec !!! Elle a d'l'argent trop court avec ! Walle walle, suée soudaine, pas de carte bleue, pas de chéquier (de toutes façons, à l'époque c'était compliqué, il y avait le change, les chéques pas toujours acceptés à l'étranger, la carte bleue pas internationale de toute manière). Coup d'oeil sur le Best Of : je retrouve quelques morceaux de "The Wild Places" que j'ai sous les yeux et aussi de "Streets of Fire". Du coup, mon choix est fait : j'achète "The Wild Places" (269 francs belges, dans les 41-42 francs, je pense), forcément. Et je me dis que je reviendrai, ici, il semble être connu plus que chez nous, le gaillard. Sauf que je ne l'ai jamais retrouvé ! Vous me direz, maintenant que je possède toutes ses productions, le Best of, bof. Maison. Platine, ampli et tout le toutim habituel. Claque bis ! Vous savez, quand on adore quelque chose (pour moi la musique), on a toujours cette petite appréhension de la déception. Un peu comme les cinéphiles qui vont voir l'épisode deux du film qu'ils vénèrent. Eh bien que nenni ! J'oserais même dire que j'ai encore plus aimé cet album, mis à part le fait de la nouveauté. La production est moins bonne (à mon avis. Ou en tous cas en cours d'évolution) mais les compositions encore meilleures. Les 4 musiciens sont les mêmes (Browne/Hymas/Giblin/Phillips). Il y a des morceaux instrumentaux, de la musique un peu étherée, planante, rock, folf, jazz, fusion, un melting-pot de tous. Vraiment encourageant, puisqu'il y a un Best Of, eh ! Inutile de préciser que ce fût bien difficile. Même impossible. Pour raccourcir mon texte, il faut bien avouer maintenant qu'il m'a fallu attendre l'avènement du numérique pour compléter mes connaissances. Non, je ne suis plus jamais retombé sur un produit (physique) de Duncan Browne, même lorsque je travaillais chez Virgin, chez qui tous les arrivages me passaient entre les mains. Que pouic ! Bon, intéressons-nous maintenant à Duncan Browne à proprement parler. Guitariste émérite, en grande partie autodidacte et fan de Bob Dylan (!?) c'est dans le folk qu'il a commencé sa carrière solo pour se diriger ensuite vers une musique plus électrique. Il a joué, disons, de malchance dans sa carrière, n'ayant pas rencontré les bonnes personnes au bon moment ou étant entraîné malgré lui dans des maisons de disques en faillite, et donc n'ayant pu le promouvoir comme il se devait. Entre son premier album (1968, pas d'hier, hein ?) et le suivant, pas moins de 5 années vont s'écouler. Pourtant, il ne lâche pas prise et persévère dans ses choix musicaux et livre des arrangements particulièrement léchés. C'est d'ailleurs sa marque de fabrique, y compris et déjà dans son 1er opus où l'on décèle toutes les qualités sous-jacentes qui ne demandent qu'à exploser. On peut ne pas aimer alors cette atmosphère qui lui est propre, mais dans tous les cas, on ne peut y rester indifférent ! Quant aux musiciens qui vont l'accompagner ensuite, il est une question que je me pose : sont-ce eux qui rejoignent Duncan Browne parce qu'ils le savent "bon" ou est-ce lui qui les "sent" déjà et s'en entoure ? M'est avis que c'est là, dans un cas comme dans l'autre, une plus que judicieuse idée ! Ci-dessous, une idée de l'album "Give Me Take You" de 1968 avec 3 extraits de morceaux ("Alfred Bell" + "A Dwarf In A Tree" + "Final Asylum") que j'ai compilés. A dire la vérité, si j'avais connu Duncan Browne à ce moment là, je n'aurais sûrement pas accroché, versé que j'étais dans une zique bien plus "speed" et de toutes façons, j'avais... 10 ans. Reconnaissons alors que c'est l'année 68 ("L'homme du Picardie" passait à la télévision française), que la qualité est là, l'originalité des compos aussi. On y constate également des arrangements et des interventions d'instruments improbables pour l'époque, cf les 2 dernières minutes de cette compil' :
Sa fin de carrière solo s'oriente davantage vers la "pop", à savoir plus électrique, avec du synthé, une batterie bien plus marquée, des compositions plus "dans l'air du temps", "Power-Pop". Pourtant, ce n'est pas une concession à la mode qui s'effectue à partir de 1978, avec "Wild Places". A l'écoute, le bonhomme est toujours aussi présent, plus riche, arrangeur en diable, actif, et sur bien des plans, précurseur. Je reconnaîtrais entre tous un morceau de Duncan Browne ! Délicat et puissant. Voici quelques extraits de cette nouvelle production. Pour pouvoir les "faire tenir" dans mon espace de stockage, il m'a fallu pas mal compresser, veuillez m'excuser pour cette qualité de son pas formidable. En revanche, j'ai essayé de garder un maximum de temps d'écoute et sélectionné les passages qui m'intéressent le plus et en espérant que vous les apprécierez autant que moi :
Par la suite, il va faire beaucoup de studio et composer pour le cinéma, musiques de films, génériques etc... Il abandonne une carrière personnelle, pas assez soutenue ni mise en avant. Un méchant crabe se déclarera en 1989 et finalement gagnera le combat en 1993. Le dernier album à sortir ("Songs Of Love & War") sera soutenu et produit par ses musiciens, notamment Nick Magnus, claviériste, compagnon des débuts, en hommage à l'artiste. Sans être un "Best Of...", il résume très bien le parcours de Duncan Browne, sa philosophie musicale, les tendances suivies, la qualité de son travail tout du long de sa carrière. Pour ma part, je n'y trouve pas la nouveauté, mais prend un grand plaisir à l'écouter et replonger dans son univers particulier. Pour moi, et ça m'est apparu il n'y a pas si longtemps, je considère que le sous-estimé Duncan Browne a influencé nombre de musiciens, notamment guitaristes. Et il y en a un en particulier que je vais vous nommer : David Gilmour ! Pensez-y un coup, pour voir, lavec une production de Gimour, Floyd ou perso. Vous me direz ce que vous en pensez. Une anecdote : un de ses morceaux "Criminal World" (Groupe : Metro, Duncan Browne - Peter Goodwin) sera repris par David Bowie sur l'album qui a relancé sa carrière "Let's Dance" en 1983. Ci-dessous, je mets ce morceau en écoute, avec, dans la première partie Duncan Browne, et la fin du morceau est la reprise par David Bowie. 6 années les séparent. 1977 pour l'original et 1982 pour la participation à la reprise de Stevie Ray Vaughan ! Eh oui ! Il fallait bien ça ! :
Mais au fait : Duncan Browne, vous connaissiez ? Toute réaction à cette chronique est la bienvenue, je suis curieux d'ailleurs de savoir ce que vous en pensez, si elle vous a intéressé, fait découvrir un artiste ou apporté un complément à vos connaissances existantes. De la même manière, je suis preneur d'infos que je pourrais ne pas connaître. N'hésitez donc pas à me contacter, le cas échéant et bien sûr, de taper "Duncan Browne" dans votre moteur de recherche préféré ! Allez, à plus, hein, chers internautes musiciens et amateurs !
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